Le 2 février, l’Université s’arrête!

La situation est trop grave pour que je n’en parle pas, bien que j’aie quelque peu déserté mon blog pour corriger les copies (encore!), faire mes cours d’agreg (avec la réforme, plus pour longtemps…) et finir d’urgence ma thèse.

Le 2 février, l’Université s’arrête, parce que c’est l’ensemble de l’enseignement, de la maternelle à l’Université, et de la Recherche qui sont dynamités. Depuis de très nombreux mois, on nous répète que la recherche en France est mauvaise (sauf que le dernier prix Nobel de physique, Albert Fert, est français), que l’enseignement est au trente-sixième dessous, qu’il faut tout réformer. A coups de mensonges, on peut tout faire passer.

photo dépêche AFP

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Ce n’est pas une crispation sur des prétendus privilèges de caste qui a lieu aujourd’hui. Nous sommes tous concernés par ces attaques violentes, parce que tous bénéficient des avancées d’une recherche qui – désolée, M. Sarkozy et Mme Pécresse  – est bien vivante et productive (et il ne suffit pas d’affirmer le contraire pour changer les choses), tous sont concernés, directement ou indirectement, par l’enseignement primaire, secondaire et supérieur dont on prétend sacrifier, aujourd’hui, la qualité.

Je n’ai pas le temps de détailler ces points nodaux sur lequels l’urgence se fait sentir. C’est la première fois que l’ensemble de la communauté universitaire française, de la droite conservatrice à l’extrême-gauche, entreprend un mouvement national de grève pédagogique, scientifique et administrative. Voici la carte de mobilisation: elle paraît blanche de loin, mais zoomez et double-cliquez, les établissements protestataires apparaîtront clairement… De manière générale, Fabula, dans le chapitre « Point de vue et débats », relaie l’ensemble des textes et motions qui se bousculent ces derniers jours. Vous pouvez également consulter les sites de SLU et de SLR, en lien dans la colonne de droite sur mon blog.

Puisque les media ne relaient qu’à peine le mouvement et en déforment largement les raisons, c’est aux enseignants-chercheurs d’engager leur propre communication (merci à Nicolas Demorand sur France inter ce matin). La méconnaissance générale de nos conditions de travail (par exemple, vous doutez-vous que je suis généralement à 60 heures par semaine?) n’engage pas l’opinion publique à nous soutenir. Pourtant, tous sont concernés et menacés par l’entreprise de casse de l’enseignement primaire, secondaire, supérieur et de la recherche.

Pour quelques analyses des absurdités et des multiples dangers de ces réformes imposées au pas de course, on peut consulter des billets de Yoric (vous avez le droit de sauter les trucs bizarres qui parlent d’informatique, mais n’hésitez pas à remonter jusqu’aux billets de l’automne), mais ce n’est pas le seul.

La communauté des enseignants-chercheurs et des chercheurs exige:

– le retrait de la réforme en cours sur la formation et le recrutement des enseignants du secondaire

– le retrait du projet de réforme du décret sur le statut des enseignants-chercheurs

L’Université a besoin de réformes, nous en sommes tous d’accord (des propositions ont été formulées lors des Etats généraux de la Recherche en 2004, disponibles sur le site de SLR). Mais ces réformes doivent être élaborées en concertation avec l’ensemble de la communauté universitaire.

4 commentaires »

  1. soutient!

  2. pernette said

    Merci, nous en avons bien besoin! Surtout avec la présentation du mouvement dans les media…

  3. Hélène said

    Bon, alors moi comme je n’écoute que france inter, je trouvais que pour un coup les médias n’en parlaient pas trop mal…
    Ceci dit, je vous soutiens de tout, tout mon cœur. Je n’ai pas beaucoup d’énergie pour me battre moi-même en ce moment mais, comme l’espoir fait vivre, j’espère que le mouvement va continuer à s’amplifier à tous les niveaux de l’éducation et qu’on pourra limiter un peu le massacre.

  4. pernette said

    France inter, je ne sais pas. France culture a un discours bref mais correct (d’où mon lien). Pour le reste, c’est du grand n’importe quoi: les media télévisés, la plupart de la presse écrite, du Monde aux journaux gratuits résument le mouvement à: « ces fainéants d’enseignants-chercheurs veulent conserver leurs privilèges éhontés alors qu’ils ne font rien, qu’ils sont mauvais et qu’ils s’en mettent plein les poches ». Ils ne parlent que de la réforme du décret (caricaturée et déformée) et des suppressions de postes. Comme si nous nous accrochions égoïstement à nos privilèges. D’où l’entreprise de communication que nous menons, pour la première fois. D’où aussi ce billet sur un blog de cuisine…
    Maintenant, je me promène avec un bagde « Sauvons l’université » et j’envisage sérieusement de coller une affichette à mon sac du type: « N’hésitez pas à venir m’en parler! ».
    En tout cas, tu as raison: pour du massacre, c’est du massacre, et à tous les niveaux de l’éducation… Et c’est encore les enfants des milieux défavorisés qui en pâtiront…

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